Alain Bashung est mort.
Il y a encore 15 jours, Bashung pour moi c’était « Osez Joséphine », le clip avec le cheval que j’aimais bien quand on le voyait sur Canal + dans le Top 50, le samedi soir, assis sur le tapis devant la TV familiale en mangeant des cacahouètes.
Le souffle coupé
La gorge irritée
Je m’époumonais
Sans broncher
J’ai été ému par la lecture du compte rendu de concert écrit par Doctor Jones en novembre dernier: la classe de cet homme, sa communion avec son public, son courage et sa musique qui le faisait tenir debout pendant deux heures dans des salles combles ces derniers mois. Je m’étais promis de jeter une oreille attentive, par curiosité mais aussi peut être par voyeurisme morbide.
Les choses étant, je ne me suis pas donné le temps d’écouter, jusqu’à il y a 15 jours. J’ai entendu parler de son sacre aux victoires de la musique, ai regardé les vidéos sur Dailymotion. Les larmes aux yeux, cet homme m’a impressionné. Marchant et parlant avec peine, chantant « Résidents de la République » avec du coffre et de la vie. J’ai décidé de télécharger Bleu Pétrole finalement, là encore avec une certaine culpabilité morbide. L’aurais-je fait si Bashung n’était pas malade ? Peut être, mais le doute me fait culpabiliser.
J’ai été séduit dès la première écoute. Son chant si particulier, qui tient souvent plus du récit que du chant.
Des textes à interprétations multiples, la puissance de « Comme Un Légo » qui m’a mis les larmes aux à la première écoute au casque, à fond dans le métro. La beauté raffinée de ses chansons, si loin de ce que les radios ont pu me faire écouter de lui jusqu’à ce jour.
J’ai vite acheté l’album, à la pochette magnifique elle aussi. J’ai écouté Bleu Pétrole en boucle – minimum 3 fois par jour – sans m’en lasser, je me suis renseigné sur le bonhomme, sa bio, wikipédia, les bootlegs qui traînent sur le net…
En bref : je pouvais dire « J’aime Alain Bashung ».
J’ai réservé le même sort à « Fantaisie Militaire ». Scotché une fois de plus. « Samuel Hall », « 2043 », l’hymne « La Nuit Je Mens », un joueur de mots habile, subtil est émouvant. J’étais de plus en plus frustré de ne pas avoir su donner sa chance à ce grand Bonhomme plus tôt. Je rattrapais le temps perdu, n’écoutant pas grand chose d’autre.
Avant hier c’était au tour du live « La Tournée Des Grands Espaces ». L’interprétation en live est magnifiée, c’est de la poésie, c’est du Rock’n Roll. C’est un grand. Amoureux et reconnaissant de son public, qui le lui rend bien.
J’ai appris que ses prochains concerts était reportés, et, très égoïstement, j’étais ravi de ce report, espérant avoir des places pour aller le voir à Longjumeau plus tard. Rétrospectivement, je me fais honte.
Aujourd’hui j’ai commandé « L’Imprudence », « Osez Joséphine » et « Fantaisie Militaire » sur Amazon.
Ce soir, Alain Bashung est mort.
J’ai reçu une notification de réponse au sujet sur Bashung sur le forum ATZ. Doctor Jones a répondu dans son propre sujet. Il a écrit « adios amigo » avec deux vidéos. Le temps s’est arrêté. Je ne voulais pas comprendre, mais un petit tour sur yahoo.fr et le jeu de mot assez vaseux « Vertige de la mort » en première page m’a fait entendre raison. J’ai pleuré en écoutant « La Nuit Je Mens ».
On s’est connu trop tard lui et moi. Il laisse derrière lui une carrière impressionnante, un public endeuillé, mais qu’est-ce que notre tristesse face à celle de sa femme et de ses enfants ?
Je ne puis qu’écrire « Merci M. Bashung », vous resterez vivant dans votre œuvre.
J’ai dans les bottes
des montagnes de questions
Ou subsiste encore ton écho
Il est souvent tard, bien tard, très tard…
Mais jamais trop tard.
C’est très beau ce que tu as écris Max.
Je connais pas Bashung, tout comme toi y a quelques semaines, je le découvre un peu maintenant que tout le monde en parle. J’étais pas du tout au courant de son sacre et de sa maladie jusqu’à ce qu’on m’en parle hier.
En revanche j’ai beaucoup entendu parlé de « Bleu pétrole » son dernier album.
Je vais surement l’écouter au boulot.
Un texte pudique et honnête digne de talent de l’artiste.
Vraiment un très bel hommage à cet artiste : un vrai !