Fantastic Negrito – Xavier Amin Dphrepaulezz de son vrai nom – a eu plusieurs vies. En fait, c’est déjà sa troisième, et il nous livre un second album où ses racines blues se conjuguent avec de la pop, du funk, du r’n’b… un mélange détonnant
Fantastic Negrito, né dans le Massachusetts dans une famille musulame orthodoxe à la fin des années 60, a quand même eu un sacré choc en déménageant à Oakland et en y découvrant la culture noire, particulièrement foisonnante à Oakland à cette époque. Il apprends à jouer de pas mal d’instruments, mais hélas il y avait aussi les travers de la rue, le deal, les drogues… jusqu’à ce qu’il se retrouve braqué par un homme armé. Fin de la première vie, et il déménage à LA, avec une cassette de démos.
Sauf qu’à LA à ce moment là, c’est le gangasta rap qui marche bien, et vu le profil de Negrito, un manager s’est dit que ce serait pas mal d’en profiter. Pas mal dégouté, Negrito jette l’éponge.
En 1999 il a un accident de voiture qui le laisse dans le coma pendant 4 semaines. La pochette de “Please don’t be dead” est prise à cette Epoque. Fin de la deuxième vie.
Il retourne à Oakland, élève des poules, plante ses légumes et d’autres trucs moins légaux. Après la naissance de son fils il revient à la musique en se disant “Fuck je fais ce qui me fait plaisir” et il se tourne vers le blues. Il retourne dans la rue, cette fois pour y jouer sa musique “là où personne ne voudrait l’entendre”.
Il enregistre un album “Last Days Of Oakland”, encensé par la critique et Grammy du meilleur album de Blues contemporain en 2017. Dans la foulée il enregistre “Please don’t be dead” et il remet ça avec un nouveau Grammy en 2019.
Ce qui est paradoxal, c’est que les racines de la musique de fantastic Negrito sont dans le blues, mais ce n’est pas vraiment un bluesman. On le sent plus attaché au groove qu’à la mélodie, il a un son très funky. Sa voix elle, fait penser à celle de Prince.
Sur l’album, les ambiance sont variées, j’ai une nette préférence pour les titres bien groovy comme “Plastic Hamburgers”, “A Boy Named Andrew” ou “The Duffler”, qui restent bien en tête. “Bad Guy Necessity” “Transgender Biscuits”, plus hip-hop fonctionnent très bien aussi.
“A Letter to Fear” est plus classique, bien que la voix de Negrito soit tout de même atypique, ça s’écoute volontiers. Dans le même registre “The Suit That Won’t Come Of” est très bon, avec une rythmique bien lourde.
Après deux titres moins intéressants, “Dark Windows” et “Never Give Up”, l’album se clôt sur un hymne qui définit bien Fantastic Negrito “Bullshit Anthem”: clapements de mains, basse slap, clavier vintage, ca termine en beauté cet excellent album.