Le projet Nomades, ficelé par Attacafa, réunit quatre chanteuses d’exception accompagnées de quatre musiciens pour un voyage du Kurdistan à la Sibérie en passant par la Grèce ou l’Algérie. En lice pour mon concert de l’année.
Aux dires des membres du groupe elles-mêmes, le projet est né d’un voyage de 4 amies musiciennes sur une île de rêve en Grèce, d’une photo postée sur les réseaux sociaux et de l’association Attacafa qui a mis un commentaire du genre « Vous feriez pas de la musique ensemble ? »
Un commentaire très pertinent quand on assiste à ce spectacle où la magie opère.
Mais qui sont ces sirènes Nomades ?
Tout d’abord il y a Dafné Kritharas, chanteuse franco-grecque, Eléonore Fourniau, qui a étudié aussi bien le chant et le saz turc que la vielle à roue. Emma Prat a étudié le jazz vocal au Conservatoire de Lille, où elle a peut-être croisé la quatrième chanteuse, une certaine Zaklin Bagdhasaryan, qu’on a bien sur vue et entendue au sein du groupe Ladaniva, par exemple au Splendid en décembre dernier.
On retrouve d’ailleurs à la guitare électrique Louis Desseigne, qui officie aussi chez Ladaniva, le maître des flûtes Sylvain Barou, qui joue de la gaïda, de la zurna, et du plus bel instrument du monde, le duduk bien sur. A la basse il s’agit du grec Apostolos Sideris, et enfin aux percussions il s’agit du truc Erzoj Kazimov.
Le projet est monté par Attacafa pour leur 40 ans d’existence, en coproduction avec l’Université de Lille.
L’Antre Deux est une petite salle au sein de l’Université Lille II, où j’avais déjà pu voir Derya Yildirim & Grup Simsek en 2018. La salle est pleine à craquer et il y a même de gens sur liste d’attente, au cas où des places se libèrent au dernier moment.
La taille de la salle et sa configuration rendent le spectacle très intimiste : en effet, la scène n’est séparée du public que par une simple marque au sol, pas de dénivelée.
Les musiciens sont en arc de cercle, avec les 4 chanteuses au milieu. Le début de set est très contemplatif, chaque morceau est apportée par l’une ou l’autre, et toute les quatre finissent toujours par rejoindre les choeurs, avec des harmonies splendides. L’ambiance se détends nettement quand Jako introduit un morceau, avec son aisance et son humour, bien que le morceau ne soit pas forcément très joyeux par ailleurs. Il s’agit de Taïga, qu’elle a déjà interprété chez Ladaniva, et dont je ne spoilerai pas la génèse. Chacune y va ensuite de sa petite introduction, et l’échange avec le public est naturel. On apprends le grec pour chanter sur un morceau, Zaklin, Emma et Dafné dansent devant la scène pendant qu’Eléonore rejoint Erzoj au davul. Emma envoûte la salle en reprenant un titre d’Idir, Eléonore un de Faïrouz.
Je n’ai malheureusement pas les titres des différents morceaux, mais tous sont parfaits, vous pouvez sortir un album maintenant, merci.
Une heure trente de belle musique, par de belles personnes, devant un beau public. C’est bien les beaux moments en 2025.
Un grand merci à Attacafa une fois de plus pour l’accréditation photo, et pour ce superbe projet que j’ai hâte de revoir sur scène.