C’est dimanche, l’heure de la messe c’est 19h à la Faune, le Reverend Beat-Man vient prêcher la bonne parole aux fidèles avec son blues trash en configuration one-man-band !
Découverte de La Faune, un lieu caché au bout de ma ligne de bus, derrière une crèche, à quelques dizaines de mètres de la frontière belge. Une scène intérieure, une autre a l’extérieur, un bar et de la restauration par l’association qui gère le lieu, une déco à base de récupération et d’objets improbables : c’est le cadre parfait pour y revoir le Reverend. Qui déambule d’ailleurs avant le show, avec un sweat des Monsters (son groupe que je n’ai toujours pas vu), chapeau de paille, et merchandising Voodoo Records, dont il est le boss. L’occasion de lui acheter un patch pour compléter mon sac photo… même si j’ai plus de place.
En première partie c’est le groupe bruxellois Baka, qui se définit comme « rock expressionniste tragicomique ». Ils rappellent un peu Trust dans leur énergie, et le chant en français aussi, ça joue. D’excellents musiciens qui ont chauffé la scène pendant une petite heure avant le numéro de Beat Zeller.
Avec lui, tout est théâtralisé. Et j’adore cette attention portée au cadre. Son attitude, d’installer la scène tout seul, d’aller accrocher son fond de scène (YOU WILL DIE) avec son échelle rouge en bois, installer ses valises, ses lampes au bout de rallonges pour l’éclairage de sa grosse caisse, tout ça sur un enregistrement de piètre qualité de la marche funèbre de Chopin… ça me donne vraiment l’impression du pasteur américain qui parcourt le Midwest de ville en ville pour prêcher la bonne parole. Et comme toujours, une fois le col romain en place, il empoigne la guitare et…. bienvenue dans son monde bien barré.
Les riffs sont simples, et c’est le début de la tournée, il a abandonné un des rappels parce qu’il savait plus le jouer, j’adore son humilité dans ce cas là… et une vraie intelligence derrière son personnage de prêtre blasphémateur, conscient de certaines choses dont peu de gens de sa génération sont capables, comme par exemple comprendre que les problèmes auxquels font face la jeunesse sont bien différents des problèmes des générations d’avant…
Mais la plupart des temps il raconte des conneries, dans un style très montypythonesque assumé avec un « And Now ….. something completeley different » : une boucle glauque, une tenue traditionnelle mongole, un tube halogène portatif, un chant pseudo diphonique, des paroles incompréhensibles, des grimaces, un strip tease lascif… et il se rassied « OK, now let’s talk about YOUR problems ».
La messe est dite, et bien dite. J’ai retrouvé l’énergie de son spectacle qui m’avait manqué lors de son dernier passage au club de l’Aéronef, le cadre joue peut-être, et la Faune est un lieu à suivre de près !
Hallelujah brothers and sisters.