Les maîtres du post-rock japonais de MONO ont emmené le Grand Mix dans leurs montagnes russes de sons. Un des concerts de l’année, et un de mes nouveaux groupes favoris, en toute simplicité.

Sunwell

J’avais déjà vu et entendu la silhouette de maitresse sith de Sunwell lors de la visite de l’Aéronef pendant les journées du patrimoine. Au Grand Mix, j’ai été à moitié séduit par sa musique, pourtant de qualité : j’aime beaucoup au début mais je me lasse sur la longueur, n’arrivant pas à entrer dans son monde tout en réverbération.

MONO

Jusqu’à il y a quelques semaines, j’ignorais totalement l’existence de ce groupe, qui existe pourtant depuis 1999. Un groupe instrumental, de post-rock, qui s’aventure sur des morceaux longs, hypnotiques, en crescendo, parfois avec des cordes ou des cuivres… non je ne parle pas de Sigur Ros, dont le concert à l’Olympia en 2006 reste dans mon top 5 de tous les temps, mais bien de MONO, qui n’a rien à envier aux cousins islandais. Le quatuor japonais à sorti leur 12ème album « Oath » fin 2024, est en tournée mondiale et leur passage au Grand Mix est l’occasion d’une épiphanie pour moi : j’ai vu MONO sur scène.

MONO sur scène, c’est de gauche à droite : Hideki Suematsu, dit Yoda, à la guitare rythmique. Au centre de la scène, le plus souvent à la basse, mais sur un morceau au clavier et sur une autre au glockenspiel, c’est Tamaki Kunishi. Elle joue d’ailleurs sur une basse Gibson EB-3 de 1966 !
Juste à côté, derrière les fûts, c’est Dahm Majuri Cipolla, et enfin tout à droite c’est Takaakira Goto, dit « Taka » à la guitare lead.
Il y a bien un pied de micro à côté de lui, mais c’est juste pour dire bonjour merci et au revoir, la musique de MONO est instrumentale.

Ils commencent leur set avec « Run On » issu de leur dernier album Oath, un « petit » morceau de 9 minutes typique du style de MONO : on commence tout doux, avec une mélodie hypnotique à la guitare. On prend le temps de l’installer, on se laisse emporter, beaucoup de spectatrices et de spectateurs ont les yeux fermés dans le Grand Mix. La batterie s’éveille tranquillement, la basse l’accompagne, les cymbales sont mise à contribution, les guitares restent imperturbables, puis la distorsion s’en mêle dans un crescendo parfait qui met la chair de poule.
Dans n’importe quel autre groupe ce serait un morceau de fin de set pour terminer en apothéose, mais pas chez MONO. Leur secret : ils en ont quelques uns tout aussi épiques en stock.

On enchaîne avec « We All Shine On », toujours de Oath, 8 minutes tout aussi impressionnantes, puis « Innocence », même durée, issu de leur album précédent « Pilgrimage of the Soul ».
« Sorrow » dépasse les 8 minutes encore une fois, et quel morceau de bravoure encore : la batterie est très lente, et la simplicité de la mélodie à la guitare est désarmante de beauté. Au passage, la pochette de « Nowhere Now Here », l’album dont elle est issue, est sublime et sera mon prochain achat.
Parce que oui en plus, la production et le mastering de leur vinyles sont d’une qualité devenue rare de nos jours : Oath, chez Pelagic Records, acheté après le concert, est un superbe objet, gatefold, carton épais, vinyles colorés.

Revenons au concert après ce trip de maniaque de vinyles. « Pure As Snow »  lui est issu de leur album « Hymn To The Immortal Wind », sorti en 2009. Le titre dure une dizaine de minutes, et là encore le crescendo est incroyable, il va encore plus loin que sur les titres précédents, Taka et Yoda produisent des sons sursaturés sur le final apocalyptique. On a a peine le temps de redescendre avec un petit détour par « Hear The Wind Sing », de leur dernier album, avant de revenir dans la neige avec le somptueux « Ashes In the Snow ».
« Ashes » est marqué par un faux départ, après une intro au glockenspiel de Tamaki, la guitare de Taka a eu un soucis technique. Il a tout essayé pour solutionner le problème mais, sous les encouragements du public bien loin de leur tenir rigueur, il n’a d’autre choix que de passer sur la seconde guitare, et ils recommencent le morceau. Et quel morceau.

Leur set se termine par un autre titre de Oath avec « Time Goes By », parce que oui, à coup de morceaux entre 8 et 10 minutes voire plus, le temps file et après un énième crescendo de folie, Tamaki et Dahm avaient pris de l’avance et se sont éclipsés en coulisses, rejoints par Yoda et Taka. Ils ne tardent pas à revenir pour un rappel.

Mais comment un groupe comme MONO peut-il choisir un rappel qui marque après un concert pareil. Eh bien ils dégainent « Recoil, Ignite » et si, c’est encore un cran au dessus, notamment de la part de Dahm qui part en solo de batterie, lourd sur les toms, dès le premier tiers du morceau, sur les guitares imperturbables. Je ne peux m’empêcher de repenser au final de Sigur Ros avec Popplagið et sa batterie volcanique. « Recoil » est un autre rollercoaster, près de 15 minutes de montées, d’accalmies, de paliers.

Le Grand Mix quasi complet ce soir est unanime : on a pas boudé notre plaisir ce soir.

Mono au Grand Mix : la setlist

Run On
We All Shine On
Innocence
Sorrow
Pure as Snow
Hear the Wind Sing
Ashes in the Snow
Time Goes By

Rappel de fou :
Recoil, Ignite

Un très grand merci à Marye de m’avoir aiguillé sur MONO, et à Vincent pour le pass photo.

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